Etang communal et fédéral de Nohant à Oizon

Date d'intervention : 21 au 24 Mai 2024

Genèse et particularités

L’étang de Nohant est un plan d’eau communal connu pour son activité de pêche, d’où son statut auprès de la FDAPPMA 18 (fédération de pêche) d’étang fédéral de 1ère catégorie. Il est alimenté en eau par l’Oisenotte (ou Oizenotte) un cours d’eau de 1ère catégorie affluent en rive gauche de la Grande Sauldre. L’Oisenotte mesure 28.1 km de long pour un bassin versant de 44.7 km², son état est moyen aux yeux de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne.

Depuis une dizaine d’années environ le plan d’eau est colonisé par la jussie à grande fleur (Ludwigia grandiflora) qui, s’implantant dans ses berges s’étend d’années en années dans les zones peu profondes de l’étang. Cette plante est une espèce exotique envahissante préoccupante pour l’Union Européenne.

Lors de l’état des lieux du site, le SYRSA accompagné pour l’occasion de la référente plantes invasives du CEN (Conservatoire des Espèces Naturelles), a pu constater la présence d’une seconde plante vivace la myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum). Cette dernière n’est pas exotique, mais elle semble avoir un caractère envahissant dans les conditions hydro-climatiques de l’étang de Nohant. 

En s’implantant sur les zones plus profondes du plan d’eau, la myriophylle sert de support à la jussie qui poursuit son essor vers le centre de l’étang.

Une autre particularité de ce site est que le plan d’eau est presque totalement isolé du cours d’eau, la contamination de l’étang ver le cours d’eau est et sera donc très faible. De plus, c’est l’un seul site contaminé par cette plante envahissante en amont du bassin versant de la Grande Sauldre.

Tous ces constats ont fait de se site une priorité d’action pour la commune de Oizon et le SYRSA, qui se sont associés par une convention dans des actions communes sur 3 ans.

Les jussies

Les jussies sont des plantes amphibies enracinées se développant sous forme d’herbiers denses. Elles sont originaire d’Amérique du Sud et ont été implantées comme plantes ornementales via le commerce. En France les jussies envahissantes correspondent à deux taxons : la jussie à grande fleur (Ludwigia grandiflora) et la jussie rampante ou faux pourpier (Ludwigia peploide). Elles sont différenciables par la forme de leurs fleurs et de leurs stipules. 

Ces deux espèces sont également capable de développer des formes terrestres dans les prairies humides ou dans les bras morts asséchés.

La forte variabilité morphologique de ces deux espèces rend leur distinction parfois complexe, surtout en début de cycle. Il est également possible de les confondre avec la jussie indigène : l’isnardie des marais (Ludwigia palustris), particulièrement développée en sologne.

Le cycle des jussies :

 

Progression de la jussie à grande fleur en France de 1820 à 2023 (source : INPN, SYRSA)

L’un des atouts favorisant la prolifération de la jussie est la multiplicité de ses modes de reproduction. D’une part la longueur d’un rizome de jussie pourrait facilement dépasser les 10 mètres : croissance de 2cm/jours/extrémités. D’autre part, le moindre fragment de tige constitue une bouture viable pour sa réimplantation. Chacune de ces boutures peuvent être en dormance pendant des années avant de croitre au grés de conditions favorables. Bien que moins efficace, elle est également capable de reproduction sexuée via ses graines.

Les jussies font partie des espèces de plantes aquatiques envahissantes les plus problématiques à l’échelle européenne et française. Ses impacts négatifs sont multiples.

Sur la biodiversité :

  • Modification des caractéristiques physico-chimiques des milieux par la diminution du taux d’oxygène dissout, du pH.
  • Concurrence avec la flore aquatique immergée en empêchant la pénétration de la lumière jusqu’au fond.
  • Baisse locale de la diversité végétale et animale.
  • Accélération du comblement des milieux colonisés par l’abondante matière organique produite par les jussies.
 

Sur les activités humaines :

  • Impacts négatifs sur l’agriculture : bouchage de prises d’eau, gêne dans l’entretien des canaux de drainage, perte de qualité de pâturage lorsque les jussies remplacent les espèces fourragères. 
  • Encombrement des cours d’eau perturbant la circulation des embarcations, répercussions sur le tourisme la pêche et la chasse.

Méthodes et chiffres clefs

Face à ce défi d’ampleur le SYRSA : référent technique dans ce projet a proposé une action pluriannuelle. C’est donc une convention sur 3 ans qui a été signée entre la commune est le Syndicat. Ensemble ils s’engagent à intervenir à la hauteur de 15 000€TTC sur 3 ans (10 200€ pour la commune et 4 800€ pour le SYRSA).

Deux interventions par an sont prévues hors floraison (Mai & Octobre). Pour maximiser l’efficacité des actions il est prévu de coupler l’arrachage mécanique et l’arrachage manuel. Le premier étant destiné à dégrossir le travail et le second à finir précisément l’éradication. C’est un travail d’usure que la lutte contre une plante envahissante.

Un filtre permanent a été ajouté dans moine de vidange de l’étang, il permettra d’éviter de nouveaux départs de la plante vers l’Oisenotte. Surtout lors des interventions.

Deux actions expérimentales ont également été mises en place pour tenter de décupler l’effet de l’arrachage :

  • Mise en concurrence : Afin de concurrencer la réimplantation de la jussie, des épis de Carex acutiformis ont été implantés. Cette plante aquatique permanente pourrait s’opposer mécaniquement à la progression de la jussie sur les berges de l’étang. 
  • Prédation : La fédération de pêche devrait dès 2024 implanter plusieurs Carpes amour (action en projet car soumises à dérogation). Ce poisson exotique est herbivore et à la capacité de consommer de gros volume de végétaux. Il a également l’avantage de ne pas se reproduire dans nos conditions hydro-climatiques. Bien que peu consommateur de jussie, il pourrait limiter la prolifération de la Myriophylle en épis et stopper la symbiose entre les deux plantes. Les carpes seront retirées du plan d’eau une fois leur service rendu.
 
La lutte contre la jussie est un travail de longue haleine et nous avons souhaité faire une évaluation de nos méthodes au bout de 3 ans. L’objectif au bout de ce premier cycle est de réduire significativement la surface couverte par la jussie, voir de la cantonner à la queue de l’étang.

Photos